Ma jeunesse,
bercée par la vie religieuse et les fêtes !


NOTRE EGLISE :

Mon village natal s'enorgueillit d'une très belle église paroissiale, de style roman construite avec les pierres du pays : Les pierres calcaires et le beau grès bigarré !

NOS PRETRES :

Après la retraite de l'abbé WURTZ le 01/10/1967, le curé qui m’a baptisé et qui m’a enseigné le catéchisme à l’école, c’est l’abbé FERBER qui lui a succédé. Il officiait déjà à FALCK. Il était connu comme très aimé de la jeunesse.
Il n’hésitait pas à conduire (sans permis) sa 2 CV que lui « empruntaient, pour ne pas dire chipaient » les jeunes du village de FALCK…
Pas ceux de DALEM !

En fait, cette voiture n’était jamais fermée à clé, et était « à disposition » de tout le monde ! Certains en abusaient !
En tout cas, l’abbé FERBER était très proche des enfants, petits ou grands. Il n'hésitait pas à souhaiter bonne chance aux footballeurs de l'équipe de DALEM à la fin de son sermon ou plus souvent à la fin de la messe du dimanche et ne manquait que rarement un match de foot.
Les gens du village n'étaient pas habitués à de telle liberté. Pourtant, il était partout chez lui, toujours très conviviale, agréable, un mot pour rire mais toujours sérieux et toujours très apprécié. Il ne manquait pas de dire tout haut ses pensées sur le bord de touche du terrain de foot…

Il était partout chez lui et était toujours bien accueilli. Un jour il est entré chez nous, à la maison. Il ne sonnait jamais et n'avait pas besoin de frapper à la porte. Maman et moi étions à genoux devant le radiateur de la salle à manger. Nous étions entrain de glisser une bande de papier peint derrière ce fameux radiateur. En entrant, l'abbé dit « Ne vous dérangez pas, continuez à faire votre prière ! ». Il nous avait bien fait rigoler.
En fait, il venait me chercher pour lui donner, je ne sais plus quel coup de main. A cette époque, nous étions, moi et les copains de mon âge, Jean Luc, Gérard, Renaud, Jean François, trop grands pour faire enfant de cœur, nous étions passés sacristains…
Attention la différence est énorme. Nous étions les chefs !
C’est nous qui nous occupions des jeunes enfants de cœur à former, qui surveillions les enfants lors des différentes excursions organisées par l'abbé FERBER. C'était un plaisir que de travailler avec lui.

C'est sûrement grâce à lui que l'on restaura l'église du village. A tort ou à raison, je ne sais pas. En tout cas à l'époque, tout le mode trouva ça bien.
L'église fut nettoyée complètement, on recouvrit les anciennes peintures des murs pour lui donner un aspect un peu plus moderne, sans fioritures, sans les grandes peintures du plafond ou dans la nef. C'était en 1970 ?

Quelques années plus tard, en 1999, lorsque l'on a voulu redonner à notre église un peu de son éclat, on a recherché à faire ressortir les peintures camouflées à l'époque... Eternel insatisfait que nous sommes !

En tout cas, c'est en partie réussi ! Et l'on peut revoir aujourd'hui les belles peintures d’origine sur les murs de notre belle église !
L'abbé FERBER devait décéder le 10 mars 1971. J'étais alors en classe de 3ème. Nous avions mes copains et moi beaucoup de peine à voir disparaître cet homme qui était devenu un ami pour tous les jeunes.

C'est à la même période, qu'il fallait débarrasser le grenier du presbytère de DALEM. Il est situé dans la cote du « Homberg ».
Nous étions quelques enfants de cœur à faire ce travail. Le grenier contenait une quantité impressionnante de livres, cartons, papiers, journaux de la guerre 39-45, vieilles pièces de monnaie etc. Il y avait même encore du tabac séché qui pendait à une des poutres du toit !
Sûr qu'il était bien sec celui-là !

Après ma première communion en 1965, je suis devenu tout naturellement enfant de chœur.
Il m'en reste de bons souvenirs. Je me vois encore suivre le cérémonial de la messe.
Nous étions vêtus d'une longue robe rouge et d'un surplis trois-quarts blanc ajouré de dentelles. On fermait les robes sur le devant au moyen d'une longue rangée de petits boutons, qu'on mettait longtemps à enfiler dans les boutonnières, mais qu'on défaisait d'un seul coup en tirant de bas en haut sur les deux bords du tissu. En agissant ainsi, on faisait parfois sauter des boutons qui roulaient sur le sol de la sacristie.

Nous étions au début placés soit à l’extrême gauche soit à l’extrême droite de Monsieur le Curé, confinés aux rôles de figurant. Plus on avait de l’ancienneté, plus on se rapprochait de Monsieur le curé. Plus on se rapprochait de monsieur le curé, plus on s’approchait des objets du culte. On osait alors avant et après la messe, allumer et éteindre les bougies de l’hôtel. Il y avait celles placées sur les candélabres qui reposaient sur la table de l'autel avec 5 ou 6 petites bougies situées à notre hauteur, mais il y avait également les longues bougies placées sur les hautes chandelles du grand autel. Nous ne pouvions allumer ces dernières qu'à l'aide d'un long bâton au bout duquel il y avait une mèche pour allumer les bougies et un entonnoir qui servait à les éteindre lorsque la messe était terminée.

Certains jours, juste avant que la messe ne commence, nous mettions beaucoup de temps à allumer ces fameuses grandes bougies ! Nous damnions alors l'enfant de cœur qui avait éteint les bougies à la messe précédente. Il avait trop appuyé avec son entonnoir sur la mèche. Celle-ci se trouvait alors noyé dans la cire. Les paroissiens nous regardaient amusés. Mais c'était à charge de revanche !

Nous avions donc appris, sans trop rien comprendre, le langage des prières, les répliques et tout ce qu’il faut faire avec le vin et l’eau, le grand missel. Nous savions également qu’il ne fallait pas commettre le sacrilège de toucher au calice, à l’ostensoir.

On passait ensuite à la dignité supérieure et nous pouvions utiliser les clochettes, les burettes et porter l’encensoir.
Tout doucement, les odeurs me reviennent, je sens celle de l'encens, celles des bougies qui fument, celles des aubes rouges rangées dans une grande et haute armoire de la sacristie. J’ai oublié par contre le goût du vin de messe que nous buvions de temps en temps… Ah garnement !

LES DIMANCHES :

Le rituel était toujours le même. Nous nous levions de bonne heure pour aller ; papa, maman, Clarisse et moi, à la messe tous les dimanches.

Dans nos villages, nos ancêtres, nos grands-parents, nos parents étaient très pratiquants et l’appel des cloches était quelque chose de sacré.
Les cloches de l’église s’occupaient de tout : Elles annonçaient le bonheur comme les malheurs : les baptêmes, les mariages mais aussi les décès, les incendies…
Le dimanche, elles sonnaient plusieurs fois pour annoncer le début de l’office.

Combien de fois maman nous disait :
« Allez dépêchez-vous le deuxième coup a déjà sonné ! »

Le premier coup sonnait ½ heures avant l’office, le deuxième coup sonnait ¼ d’heure avant l’office.

Arrivée devant l’église, maman Clarisse et moi, comme toutes les femmes et les enfants du village, rentraient directement, sans attendre.
Papa, comme tous les hommes, jeunes ou vieux, attendait sur la place. Certains tiraient les dernières bouffées de leur cigarette, d’autres bavardaient un peu. Les hommes ne rentraient qu’à la dernière minute.
Je ne pus en faire autant qu’après ma communion solennelle…
Dans l’église, les femmes toujours coiffées, qui d’un foulard, qui d’un chapeau étaient assises à gauche en entrant, les hommes à droite.
Les enfants tout devant ! Et Mlle CHRISTINE, la bonne de Monsieur le curé, en bord d’allée, derrière le banc blanc des communiants. Elle pouvait ainsi mieux surveiller les enfants turbulents ou trop bavards assis devant elle.

Il y avait une autre personne qui impressionnait les enfants, c'était le Suisse !

Il se tenait debout, toujours du coté droit, devant les bancs des garçons. Il était grand, avait un bel habit en queue de pie très coloré, rouge et or une écharpe lui barrait la poitrine, Il avait de grandes épaulettes dorées et un chapeau bicorne avec un plumet blanc. Dans ses mains gantées de blanc, il tenait une longue canne avec au bout, une grosse boule. Au moment de la consécration, le Suisse se munissait également d’une grande hallebarde.
Il se plaçait alors au milieu de l’allée centrale face à l’autel et se recueillait en abaissant la pointe de son arme et celle de son bâton vers le sol.
Il était tout le temps présent, à tous les offices, dimanche, communion, processions… Là ne s'arrête pas la fonction du suisse. Il veillait également au bon fonctionnement des cloches, horloge, il veillait à l'ornement de l'église en période de Noël, à la confection de la crèche etc.
C’est Monsieur Nicolas PEIFFER qui a tenu en dernier ce rôle ( jusqu’en 1975 ) à DALEM.

Les choristes, hommes et femmes montaient à la tribune autour de l’orgue.
L’église de DALEM a un bel instrument ! L’organiste était François SCHRECKLINGER.
L’instrument a été offert par un entrepreneur de Reims : M. DEMERLE né à DALEM ;
« Pour remercier le bon Dieu pour la bonne réussite de toutes ses entreprises ».
Il a été inauguré le 22 mai 1888.
C’est la maison DALSTEIN & HAERPFER de BOULAY qui eut le privilège de le construire.

LA MESSE :

C'était l'abbé WURTZ qui officiait à cette époque.
« Asperges-me, Domine », Monsieur le curé accompagné du servant porteur de bénitier descendait l’allée centrale de l’église en aspergeant les fidèles d’eau bénite. Les premières gouttes lâchées par le goupillon déclenchaient aux premiers rangs les signes de croix qui refluaient vers le fond de l’église, au rythme de la marche du curé. C’était la « ola » avant l’heure !

La messe avait commencé depuis quelques minutes, des retardataires essayaient de se faufiler à leur place sans se faire trop remarquer.

La messe était encore à cette époque en latin...
Les enfants de chœur devaient connaître certaines prières par cœur et les réciter à haute voix, tout seuls, à genoux devant l'hôtel...
Une chance que nous tournions le dos aux gens. La messe se faisait alors sur l'ancien hôtel !
Une chance également que l'abbé WURTZ n'entendait plus très bien, pour pouvions baragouiner quelques chose qui ressemblait à du latin, qui ressemblait à la prière que nous avions à faire parce quelques mots en ressortaient… mais nous étions loin de la prière originale.
Gare s’il s’apercevait de quelque chose !

Et il reprenait avec nous :
« Paster noster, qui es in caelis
Sanctificetur nomen tuum
Adveniat regnum tuum
Fiat voluntas tu
Sicut incaelo et in terra
Panem nostrum quotidianum
Da nobis hodie
Et dimitte nobis debita nostra
Sicut et nos dimittimus debitoribus nostris
Et ne nos inducas in tentationem
Sed libera nos a malo »


Lorsque le curé disait : « Dominus vobiscum » nous lui répondions « Et cum spiritu tuo ».
Ça c'était facile !

Jean XXIII a écrit dans mon missel du dimanche les phrases suivantes :

« Quand je songe aux belles prières
Que je viens de vous lire
Et que vous n’avez pas comprises !…
Il faudra bien qu’un jour
On vous les rende accessibles ! »

Il a été exaucé !

Au milieu de la messe, Monsieur le curé faisait son sermon du haut de la chaire en bois sculpté. Il y accédait par un petit escalier à l'arrière.
Le silence était rarement complet dans l’église. Il y avait toujours quelqu’un qui toussait, quelqu’un qui bougeait un petit banc ( vous savez, les petits bancs hauts d’une vingtaine de centimètres sur lesquels les fidèles s’agenouillaient dès qu’ils entraient dans leur banc puis au cours de la messe ).

A ce sujet, j’ouvre juste une parenthèse pour dire que ces petits bancs ont été retirés de nos jours… Aussi, je vous laisse imaginez les fous rires que déclenchait une personne qui arrivait dans son banc pour s’agenouiller alors que le banc n’était plus là et qu’elle ne s’en souvenait plus. Et patatrac !!!

Il y avait également du bruit à cause des gens qui étaient obligés de sortir de l’église parce que leur enfant pleurait.

On entendait également assez souvent un long « Schuuuuuuut !» qui sortait de la bouche de Mlle CHRISTINE, la bonne du curé. Assise en bord d’allée, elle surveillait les enfants et sermonnait quand ils étaient trop bavards. Certaines grandes personnes alors se soulevaient un peu pour voir quelle progéniture avait encore fait des siennes… Gare à la maison !

Et puis, tout le long de la messe, il y avait un bruit auquel on était pourtant habitué, mais qui surprenait toujours : C’était MAAS Johann.
Choriste, Johann se tenait à la tribune. Il avait attrapé une maladie qui se manifestait par un hocké quasi-permanent. Il ne pouvait pas le maîtriser. Et régulièrement, nous entendions « Goudouk, Goudouk ! »

Selon les chants ou les prières qui alternaient, les fidèles se levaient, s’asseyaient ou s’agenouillaient au rythme du coup de bâton que donnait le Suisse sur le carrelage de l’église. Les coups résonnaient.

Le « Gloria », le « Credo », mais surtout les coups de bâton sur le carrelage faisaient comme par enchantement relever certaines têtes endormies. La tête qui soudain se relevait, regardait alors un coup à droite, un coup à gauche et rattrapait en cours de route un « Credo » en latin très approximatif. Après le « Agnus Dei », arrivait le moment de la communion.
Le prêtre montait les marches de l'autel, ouvrait le tabernacle, fit faisait une génuflexion profonde. Il sortait alors le ciboire contenant les hosties consacrées lors d'une messe précédente. Devant l’hôtel, il récitait ensuite une prière :

- « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dit seulement une parole et je serai guérie ! » A chaque invocation, l'un des servants donnait un coup de sonnette, et nous nous frappions en même temps la poitrine, tout en inclinant la tête. Après quoi les fidèles sortaient de leur banc pour aller s’agenouiller côte à côte sur 2 petites marches le long d’une belle grille en fer qui séparait le chœur de la nef. Chacun attendait l'arrivée du prêtre avec son ciboire rempli d’hosties et de l’enfant de chœur. Ils officiaient toujours de droite à gauche. L’enfant de cœur présentait une coupelle sous le menton de chaque paroissien au cas où l’hostie viendrait à tomber ! Le prêtre récitait alors devant chaque communiant : « Corpus Christi » : le corps du Christ.

On répondait en anticipant un peu, un timide «Amen» , car il fallait ensuite rapidement fermer les yeux et tendre la langue pour que le prêtre y dépose la sainte hostie.
Ensuite, on ne devait pas se relever trop vite, mais attendre que le prêtre eût prononcé trois ou quatre « Corpus Christi », car la déférence exigeait qu'il n'y eût pas de turbulence dans le voisinage immédiat des saintes espèces.

Par respect du sacré, il était interdit de croquer l'hostie, et il fallait l'avaler sans qu'elle entre en contact avec les dents. Ce n'était pas toujours facile parce qu'elle collait parfois longuement au palais, causant bien des tourments chez les enfants !

APRES LA MESSE :

Après la messe, les hommes se rendaient au café.
Il y avait ceux qui allaient au café « chez VICTORINE » il y avait ceux qui allaient « chez ALWISS ». Les 2 cafés étaient distants d’une vingtaine de mètres l’un de l’autre. Les jeunes se rendaient plus facilement chez ALWISS. C’était le café des sports. Le café où les footballeurs se retrouvaient, se changeaient même, car il n’y avait pas de vestiaire sur le terrain de football du village.

Papa et Pati se rendaient le plus souvent chez « ALWISS ». Mais de temps en temps on pouvait les voir également chez « VICTORINE ».
Le long du café de chez « VICTORINE », il y avait une piste de boules avec des quilles « Kegelbahn ». Cette piste était faite de planches de bois. Le point de lancé était juste sous la fenêtre par laquelle VICTORINE pouvait servir les boissons. C’était pratique pour tout le monde !

Les jeunes du village ramassaient les quilles et renvoyaient dans une goulotte de bois, les boules vers les joueurs. Les boules étaient en bois également !
A DALEM, il y avait également des pneus derrière le jeu pour arrêter les boules lancées avec vigueur.

AU BISTROT :

J’aimais bien accompagner papa et son frère, " Pati ".
Oui, nous le surnommions ainsi, parce qu'il était mon parrain !
Au bistrot. Ils s’installaient à une table, comme la plupart, bien que certains habitués s’accoudaient au comptoir pour discuter avec ALWISS ou avec sa femme Denise.
Papa et Pati parlaient un peu de tout et de rien, des nouvelles de la famille, des voitures, des travaux des champs, des arbres fruitiers, parfois un peu de la politique du village etc.
Ils parlaient en Platt, parfois en français et quand un mot leur échappait, c’était moitié-moitié. Mais au moins ils étaient discrets ; Pas comme certains…

Il y avait toujours dans la salle 2 ou 3 tables d’habitués qui jouaient aux cartes. Certains jouaient à la belote, au « Schwatze Péta », d’autres au « Skat » ( jeu typique d’origine allemande ). C’était bruyant mais c’était un plaisir de les entendre se chamailler, parfois même très fort.
Ils s’engueulaient en Platt, parfois en français, parfois les deux !!!

Malgré certaines engueulades sévères, on retrouvait les même assis autour d’une table le dimanche suivant !

Ils étaient là, à quatre ou cinq autour d’une table, leur verre de bière posé à coté sur les cartons de comptoir pour ne pas salir la table. Ils tenaient leurs cartes en éventail dans une main. Laissant libre la deuxième qui choisissait la bonne carte à abattre sur le jeu en milieu de table. Parfois cette carte tombait comme un coup de massue suivi d’exaltations tonitruantes ! L’un d’entre eux avait une feuille de papier devant lui pour compter les points.

Après avoir bu mon verre d’anisade ( limonade avec de l’anis ) et papa et pati leur verre de Suze ou de bière, nous sortions du bistrot. Mais avant de rentrer à la maison, papa et moi allions dire bonjour à pépé et mémé et à tatan Joséphine. Ça sentait bon la soupe dans le couloir.

Maman également avait eu le temps de préparer le repas. Elle s’arrangeait quelquefois pour faire cuire telle ou telle viande pendant la messe. Elle laissait alors sur le feu ou dans le four le plat de viande qui avait le temps de mijoter pendant que Monsieur le curé faisait son sermon. Mais il ne fallait peut-être pas qu’il traîne de trop…

LES VEPRES DU DIMANCHE APRES-MIDI :

L’après-midi, nous allions aux vêpres et il y avait vêpres tous les dimanches…
Là, si les jeunes enfants étaient aussi nombreux que le matin, les bancs situés derrière étaient un peu plus clairsemés…

Papa lui, ne ratait pour rien au monde ces vêpres !
Il faut dire que les chants des vêpres étaient très beaux, en latin, et il s’en donnait à cœur joie ! Il n’oubliait jamais son petit livre de messe.

Après les vêpres, nous allions parfois rendre papa, maman, Clarisse et moi, visite à pépé et mémé. Mémé alors nous offrait le café et sortait alors toutes ses tartes ou autres gâteaux qu’elle avait préparés le samedi.

Qu’est ce que ça sentait bon dans la « Stub » !

Mémé savait préparer de belles tartes !
Elle en faisait avec toutes sortes de fruits : Aux quetsches bien entendu, aux groseilles, aux mûres, aux fraises, aux mirabelles bien sûr, à la rhubarbe, aux pommes, des tartes au fromage blanc, des marbrés et autres « Grimmelfloss ».

Mais elle faisait également souvent cuire un «Kranzkuchen», une brioche en forme de couronne tressée. Elle divisait alors en trois parts la pâte qui avait levé pour rouler successivement ces portions entre ses paumes et la toile cirée de la table de cuisine légèrement saupoudrée de farine. Elle travaillait cette pâte de ses mains pour les étirer en longs boudins, puis elle en faisait une tresse en entrecroisant les trois écheveaux de pâte obtenus. Elle réalisait cette tresse circulaire directement sur la périphérie d'un moule à tarte qu'elle tournait au fur et mesure, par petits coups secs.

Avant d'enfourner son chef-d'œuvre, elle badigeonnait le dessus du gâteau de jaune d'œuf, à l'aide d'un pinceau plat et cet enduit donnait une belle couleur dorée et brillante pendant la cuisson.

Pour les fêtes de Noël et de fin d’année, mémé préparait aussi « Spritzgebäck », des biscuits de Noël. Toutes les ménagères confectionnaient des « Spritz » pour Noël, en faisant passer la pâte à biscuit dans le hachoir à viande, muni d'un embout en zigzag, pour donner un contour hérissé au boudin de pâte qui le traversait. On servait les « Spritz » pendant toute cette période de Noël, et ces biscuits faisaient immuablement partie des charmes des fêtes de fin d’année !

Tout petit, nous n’apprécions pourtant pas que nos parents nous coupent ainsi notre dimanche pour aller aux vêpres, surtout le dimanche où il y avait la fête du village.
Mais dans nos villages, nos ancêtres, nos grands-parents, nos parents étaient très pratiquants et l’appel des cloches était quelque chose de sacré.
Nul n’osait s’exposer à la damnation en n’allant pas à l’office du dimanche et aux vêpres.
Cette vénération pour l’église se retrouvait dans toutes les maisons.
Je me souviens par exemple que pépé & mémé MAAS avaient deux beaux cadres à motif religieux au-dessus de leur lit.

Et puis, en écrivant ces lignes, je me rends compte que dans toutes les chambres de notre maison, il y avait aussi ce genre de beau cadre. J’en avais un également au-dessus de mon lit.
Il y avait aussi dans chaque chambre de la maison un bénitier à la droite de la porte.

La religion et tout ce qui s’y rattachait, était pris très au sérieux.
Dans la journée, nous ne passions pas devant un symbole religieux sans faire le signe de croix.
J’en sais quelque chose, car sur la route de MERTEN, il y a une petite chapelle : « Die Kapellchen » qui renferme un autel surmonté d’une croix et devant laquelle je passais obligatoirement lorsque j’allais acheter le pain avec mon petit vélo. Je lâchais une main pour me signer !

De même, on ne croisait pas Monsieur le Curé sans faire le signe de croix.

Après les vêpres, il y avait de temps en temps quelques baptêmes. Les enfants de chœur recevaient alors du parrain et la marraine une flûte de dragées. Monsieur le Curé recevait une boîte plus élégante dans le fond de laquelle il y avait une petite pièce de monnaie.

Devant l’église, sur le parvis, les enfants du village attendaient également leur part de dragées. L'usage voulait que parrain et marraine les jettent à la volée aux enfants du village. Il en fallait une bonne quantité pour ne pas passez pour marraine ou parrain radin !!!
Parfois, ce n'étaient pas de vraies dragées qu’on lançait, mais de petites poupées de sucre léger, grosses comme des bonbons, des bébés miniatures aux formes stylisées, mais dont les jambes étaient distinctement croisées et pliées comme celles d'un vrai bébé. Il y en avait de toutes les couleurs : des roses, des bleues, des vertes, des jaunes et aussi des blanches. La marraine remplissait un sac d'où elle puise les poupées à pleines poignées pour les semer largement par-dessus les têtes des enfants.

IL Y AVAIT AUSSI LES PELERINAGES :

J’ai souvent accompagné maman mais surtout pépé et mémé dans des lieux de pèlerinage :
Nous allions à la Basilique de Saint-Avold !
Nous prenions le bus et tout le long du voyage, les gens récitaient le chapelet pendant le voyage, priaient ou chantaient !!! Je ne sais plus si cela m’emballait beaucoup !

IL Y AVAIT LES MOMENTS INATTENDUS :

Il nous arrivait de voir arriver à DALEM des gens du cirque. C’était assez rare pour que cela attire tous les enfants du village. Ils arrivaient sans crier gare en fin d’après-midi et s’installaient sur la place de l’église.
Il y avait une petite ménagerie qui montrait des singes, un lion, un tigre, parfois un chameau, un dromadaire, un lama qui trompaient l’ennui en regardant hagard les enfants leur faire des grimaces.
Je crois que je n’ai jamais trop aimé ce genre de démonstration… Les bêtes justement hors de leur cadre habituel me faisaient trop pitié…

LES FETES :

Il y avait les dimanches ordinaires, mais le calendrier de l’année était également parsemé de jours de fêtes ! Elles n’étaient cependant pas toutes religieuses !

LE NOUVEL AN :

Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, à minuit pile, on lance des pétards et des fusées. Tout le monde s’embrasse. On se souhaite une bonne et heureuse nouvelle année !
« Bonne année bonne santé ! » chez nous en Moselle francique on dit aussi : « Prosit Neujarhr ! »

Il n’y a pas de célébration religieuse particulière.

AU DEBUT DE L’ANNEE, LE 6 JANVIER : L’EPIPHANIE DE NOTRE SEIGNEUR.

Epiphanie est issu du grec et signifie "apparition".
Cette fête correspond à la présentation de Jésus enfant aux Rois Mages.
Ces trois rois se mirent en route en suivant la lumière de l'étoile qui les guida jusqu'à Bethléem.
Ils y trouvèrent l'enfant Jésus, qui appelèrent le " Nouveau Roi des Juifs ".
Quand ils le découvrirent dans l'étable, près de ses parents, Marie et Joseph, ils s'agenouillèrent devant lui en signe de respect et lui apportèrent de l'or, de la myrrhe et de l'encens.

L'origine des Rois mages est aujourd'hui encore obscure. On les dit savants, riches mais errants. Pour l'Evangile, ils arrivèrent de l'Orient. Peut être viennent-ils tout simplement du mystérieux pays d'où sont originaires les Saintes Maries de la Mer et qui porta longtemps le nom d'Egypte. Longtemps, le 6 janvier (Epiphanie) fût plus important que le jour de Noël.
La symbolique des cadeaux en portait témoignage : l'or de Melchior célébrait la royauté, l'encens de Balthazar la divinité et la myrrhe* de Gaspard annonçait la souffrance rédemptrice de l'homme à venir sous les traits de l'enfant.
Ce jour de l’épiphanie est aussi celui du premier miracle des noces de Cana et avant tout, la date de baptême du Christ.
Dès le Vème siècle, l'Eglise donna une importance considérable à cet événement.
La galette des rois, servie à cette occasion, est une tradition typiquement française qui avait déjà cours au XIVème siècle. La galette était partagée en autant de portions que de convives, plus une. Cette portion supplémentaire, appelée "part du Bon Dieu" était destinée au premier pauvre qui se présenterait.
Ce jour là, les enfants de chœur, déguisés en rois mages à l’image de Gaspard, Melchior et Balthasar, sillonnaient les rues du village et allaient chanter de maison en maison récoltant ainsi quelques pièces de monnaies.
Je me souviens que pour se déguiser en Gaspard, le roi noir, nous badigeonnions notre visage avec des bouchons de liège noircit à la fumée d’une bougie.
Je ne me souviens plus exactement du texte que nous avions à dire devant la ou les personnes qui nous ouvrait leur porte d’entrée, mais ce devait-être un peu près cela :

« Guidés par l’étoile, à trois nous partons ; nous venons du pays de l’Orient : C’est moi Gaspard, le rouge ; c’est moi melchior, le blanc ; c’est moi Balthasar, le noir »

. Pour respecter la tradition, à la maison maman préparait également une galette des rois dans laquelle elle glissait une fève. Ce n’était pas comme de nos jours une belle petite statuette, mais souvent un gros bouton !
Nous étions contents Clarisse ou moi de tirer le bon morceau que probablement maman, comme toutes les mamans du monde… avait orienté exprès vers nous…

LE 2 FEVRIER, FETE DE LA PRESENTATION ET LA CHANDELEUR.

C’est la fête de la présentation de Jésus au Temple et de la purification de la Vierge.
Elle symbolise la lumière !
Les fidèles apportaient des cierges à l’église afin de les faire bénir par le prêtre au cours de la messe, la « Mariae Lichtmess ». Clarisse et moi n’échappions pas à la règle !
A la maison, maman nous faisait des crêpes. Elle devait en faire sauter une en tenant dans sa main une pièce… Pour que l’on soit riche toute l’année… Ça ne marchait pas terrible ce truc !!!
Origine et symbolique de la crêpe :
Sa forme et sa couleur évoquent le Soleil enfin de retour après la nuit de l'hiver.
Enfin la crêpe utilise le froment en quantité et les moissons ne sont alors plus très loin.
Elle protège en outre la récolte de la moisissure et le foyer du malheur. De nombreux proverbes en témoignent :
" Si point ne veut de blé charbonneux, mange des crêpes à la Chandeleur "
Il faut faire sauter les crêpes avec une pièce dans la main afin de s'assurer prospérité toute l'année.
Le tout aux lueurs des chandelles, qui par ailleurs éviteront à la cuisine de rester enfumée pendant 3 jours !
Celui qui retourne sa crêpe avec adresse, qui ne laisse pas tomber à terre, celui-là aura du bonheur jusqu’à la Chandeleur prochaine.
On fait sauter la première crêpe sur l'armoire, car elle ne moisira jamais. Cela peut sembler curieux mais il parait que ça préserve de la moisissure l'ensemble de la future récolte ! En ville on se limitera à faire sauter les crêpes avec adresse avec une pièce dans la main, sauf si le lancer de crêpes sur armoire vous amuse.

LE CARNAVAL ET MARDI GRAS :

Tout au long de l'année, se succèdent des fêtes qui rythment la vie des chrétiens. Carnaval et Mardi Gras sont deux fêtes qui marquent la période de Pâques.
Dans Carnaval il y a Carne, la chair, la viande…
Avant l'apparition de ce mot, la veille du Carême était appelée "Carême Prenant".
C'est le dernier jour pour profiter une dernière fois avant Carême et faire bombance, car ensuite, pas d'alimentation carnée ni graisseuse durant 40 jours. On marque le coup par un festin, une fête colorée et bruyante. Lors de ces fêtes de Carnaval on retrouve toujours le principe d'inversion au travers des costumes et des jeux (maître/esclave, homme/femme), on se déguise, on fait ripailles, on offre des cadeaux, chants et danses sont de la fête.
Les limites temporelles du carnaval sont différentes d'un lieu à l'autre ; il commence le plus souvent à la Chandeleur.
En Allemagne le carnaval commence officiellement le 11/11 à 11h11.
Dans les villages, la population élit le « couple Princier du carnaval ».
Les Allemands fêtent ce jour officiel et ne reprenne la fête que le week-end incluant le mardi gras.
Les jours les plus prisés sont le samedi, le dimanche, le lundi que l’on appelle « Rosen Montag ! »
Le mardi soir, mardis gras, les gens brûlent le Prince du carnaval.
Pour le mercredi des cendres : « Am Ascher Mittwoch, ist alles vorbei ! » ; Tout est fini !

Carnaval n’est pas une fête religieuse, mais nous les enfants, nous aimons bien ce jour là. On pouvait se déguiser ! Et puis surtout, à la maison, maman nous faisait des beignets. Hum !!!
En France, cette période n’est pas, ou plus, très fêtée. Par contre en Allemagne, les gens s’amusent beaucoup… et dépense beaucoup d’argent en quelques jours !

LE LENDEMAIN, C’EST LE MERCREDI DES CENDRES :

C’est le jour qui ouvre la période du grand Carême.
Entre Carême et Carnaval, tout est contraire :
Le Carême fait appel à la spiritualité de l'homme… Carnaval s'adresse à son être charnel, à ses instincts primaires, à ses passions exacerbées.
Le Carême exige le jeûne et la continence… Carnaval autorise tous les excès (abus de nourriture et de boisson, sexualité débridée...) La violence y est souvent anonyme.

Cette fête marque le souvenir d'Adam condamné après son péché à retourner en poussière.
Les chrétiens sont invités à se purifier de leurs fautes et à faire pénitence par des privations.
Le mercredi des Cendres est le 1er Jour du Carême qui va durer 40 jours. A l'issue de ces 40 jours la fête de Pâques célébrera la mort et la résurrection du Christ.
Pour marquer le coup avant que ces privations ne commencent, la veille, le mardi, on fait Mardi Gras. Autrefois on tuait le Bœuf gras, dernière viande permise avant ce jeûne prolongé.

L’intérieur de l’église avait un aspect tout à fait hors du commun pendant plusieurs jours. Toutes les statues et les croix étaient voilées de drap violet.
Nous allions à la messe et monsieur le curé après l’avoir béni et encensé, trempe son pouce dans une cendre bien noire, pour tracer une croix sur le front de tous les paroissiens, en disant :
« Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière ! »
Les gamins que nous étions, rigolions bien en regardant la tête de nos copains ! Certains avaient en effet une croix noire relativement discrète alors que d’autres avait une grosse trace noire sur la moitié du front…

LE 14 FEVRIER, LA SAINT VALENTIN :

C'est la fête de l'amour. Les amoureux sortent, vont au restaurant et les jeunes filles reçoivent des fleurs ou des bijoux…
On ne sait pas très bien pourquoi le 14 février, la fête des amoureux et des fiancés, est placée sous le vocable de Saint-Valentin. Ils étaient d'abord plusieurs, dont aucun ne paraît présenter les caractéristiques qui justifient cet honneur.

- Peut-être la fête des amoureux a-t-elle davantage à voir avec les Lupercales, des fêtes romaines annuelles en l'honneur de Lupercus, protecteur des champs et des troupeaux, qui avaient lieu le 14 février, ou aux environs de cette date, une fête consacrée à la fertilité, la fécondité et donc à l'Amour… On sait qu'après l'avènement du christianisme de nombreuses fêtes païennes ont été christianisées.

- Il existe une légende qui raconte qu'un Valentin, qui était l'ami des enfants, fut emprisonné par les autorités romaines parce qu'il refusait de sacrifier à leurs dieux. Les enfants, à qui leur ami manquait, lui passaient des messages à travers les barreaux de sa cellule. C'est peut-être là une explication aux petits mots doux, qu'on échange, avec des fleurs et des cadeaux, le 14 février.

- D'aucuns évoquant également une loi promulguée par l'empereur Claude II le Gothique, au début des années 200, qui interdisait aux jeunes hommes de se marier car, croyait-on, les célibataires faisaient de meilleurs soldats. Un prêtre, nommé Valentin, désobéit aux ordres de l'empereur et maria de jeunes couples en secret.

- Valentin, d'après certains auteurs, aurait été exécuté le 14 février aux alentours de l'an 269. Le pape Délasse Ier (492-296) aurait décidé que cette journée lui serait consacrée.

- Une coutume de la Saint-Valentin pourrait aussi avoir son origine dans l'histoire de France. La tradition qui consiste à envoyer des vers ou des pommes à l'être aimé, disent certains historiens, remonterait, en effet, à Charles d'Orléans (1391-1465), qui fut fait prisonnier à la bataille D'AZINCOURT, en 1415 et resta captif des Anglais un quart de siècle. Depuis la Tour de Londres, on dit que, le jour de la Saint-Valentin, il aurait adressé des lettres d'amour à Marie de Clèves, qu'il épousa à son retour.

- En fait, une croyance populaire répandue est que c'est le 14 février, jour de la fête du saint, que les oiseaux commencent à s'accoupler à l'approche du printemps. Les poètes anglais Chaucer et Shakespeare en font mention dans leurs oeuvres.

LE PREMIER DIMANCHE DE CAREME :

C’est la période où commence la période de pénitence. Elle commence le mercredi des cendres et se termine le jour de pâques, soit 6 semaines.
Les deux dernières semaines du Carême forment le temps de la Passion.

LE 1ER AVRIL :

C’est toute la journée du premier avril que l’on joue des farces et que l’on accroche dans le dos de la personne que l’on veut « attraper », un poisson découpé dans un morceau de carton ! On le fait « marcher » ! Et lorsqu’il se rend compte qu’il a été berné, on lui dit : « Poisson d’avril ! »

Les origines de la tradition du 1er avril ne sont pas certaines. La plus vraisemblable fait remonter cette fête à 1564, lorsque Charles IX décida que la nouvelle année commencerait désormais au 1er janvier et non plus au 1er avril. Par habitude, par dérision, ou pour le plaisir, on a continué de s'offrir des étrennes, qui sont devenues de fausses étrennes, des cadeaux pour rire.
Quant aux poissons que l’on associe à cette date, ils évoqueraient ceux que les plus jeunes auraient jeté à la tête des vieux conservateurs qui voulaient résister au changement de calendrier instauré par le roi !

D'autres auteurs donnent pour origine de cet usage l'évasion d'un prince de Lorraine, prisonnier de Louis XIII dans le château de Nancy, et qui aurait pris la poudre d'escampette un 1er avril, fuyant tel un poisson entre les mains de ses gardes. Il existe d'autres théories, dont certaines font remonter cette tradition à l'antiquité romaine, mais leur intérêt semble plus discutable.

LE DEUXIEME DIMANCHE DE LA PASSION, C’EST LE DIMANCHE DES RAMEAUX.

Le dimanche des rameaux ouvre la grande semaine de Pâques.
On allait à la messe pour faire bénir un bouquet de rameaux. Ces rameaux sont portés en l’honneur du Christ Roi et de sa victoire sur la mort et de son abondante miséricorde.
Au retour de la messe, maman accrochait un brin de rameau dans toutes les pièces de la maison afin de protéger celle-ci de la foudre et du mal.
Un brin de rameau était également placé dans le bénitier qui se trouvait sur les tombes familiales.

LE JEUDI SAINT :

C’est la célébration solennelle de la Cène du Seigneur. Jésus a réuni ses apôtres et leur a donné l’eucharistie. La Cène est le dernier repas pris par Jésus-Christ avec ses apôtres avant sa crucifixion.

Le jeudi matin, les cloches de l’église se taisent après avoir sonné une dernière fois le « Gloria ». Elles resteront muettes jusqu’au « Gloria » de la messe de minuit.
On disait que les « cloches étaient parties à Rome pour se confesser ».
Afin de pallier à cette absence, se sont les enfants de cœur par groupes de 2, 3 ou 4 qui arpentaient toutes les rues du village pour annoncer les horaires des messes, l’angélus du matin et du soir.
Nous étions équipés pour faire autant de bruit que toutes les cloches du village réunies…
J’exagère un peu !

La crécelle est un jouet très ancien. Il servait déjà de jouet aux enfants de l’époque romaine. Au Moyen âge, les lépreux s’en servait pour annoncer leur approche.

Il y avait la crécelle que l’on appelait la «Klepper». C’était une crécelle à battant qu'on agitait verticalement. Elle avait un manche court qui se terminait au ras de la main par une sorte de plateau allongé ressemblant à la garde d'une épée. Au centre du plateau s'articulait un marteau de bois qui se rabattait sur l'avant de la garde, alternativement en haut ou en bas, à l'inverse du mouvement qu'on imprimait à la «Klepper».

Il y avait celle constitué d’une unique languette de bois souple qui en s’appuyant sur les cannelures d’un cylindre en bois dur provoque un bruit aigrelet. Il fallait tenir fermement la manivelle dans la main à bout de bras et lui donner un mouvement circulaire. C’était la «Rätsch» ou la « Raschpel ».

Il y avait la crécelle un peu plus sophistiquée le « Raschpelkaschte ». C'était une grosse crécelle en forme de caisse allongée et effilée vers le bas, qu'on portait en bandoulière sur la poitrine. Il fallait la tenir fermement contre son corps, un peu sous le bras pour tourner d'une main une manivelle, dont l'axe était un gros cylindre en bois pourvu de picots en bois durs qui faisaient se soulever successivement quatre lamelles de bois. Celles-ci retombaient tour à tour sèchement sur la paroi interne de la caisse. Le bruit ainsi produit sortait amplifié de cet engin de résonance, par le bas qui était ouvert, et par une large fente pratiquée sur le haut de la face avant. Cela faisait l'effet de gros roulements de tambour, sonores et perceptibles de loin. Mon plaisir consistait à tourner la manivelle de l’instrument le plus vite possible et avec toute la vigueur de notre jeune âge.

Mais là ne s’arrêtait pas le travail des enfants de cœur. Ils devaient dire un texte tout le long de leur parcours. Ce texte variait selon les villages et surtout selon les heures de passage. Pour annoncer les messes et offices, on disait : « Zum erschte moll » - « Zum zweite moll » Pour l’angélus, on disait :
Le matin : «Morjen-glock, Morjen-glock, Morjen-glock» et on faisait tourner la crécelle…DRRR,
Les DRR…. Etaient plus courts… On faisait vite, car il faisait froid le matin de bonne heure !!!
A midi : «Mittach-glock, Mittach-glock, Mittach-glock»... DRRRRRRRRRRRRR,
Le soir : «Biiit-glock, Biiit-glock, Biiit-glock... » DRRRRRRRRRRRR,
Il fallait se dépêcher également pour rejoindre l’église et aller à la prière du soir !

LE VENDREDI SAINT :

C'est le jour où l'église célèbre la mort de Jésus Christ sur le bois de la croix. La liturgie de ce jour est très dépouillée et totalement orientée sur le Christ qui offre sa vie pour le pardon et la réconciliation de tous les hommes et de toutes les femmes.
En Alsace et en Moselle ce jour du Vendredi Saint demeure une fête chômée.

Pendant les vêpres, un enfant de chœur se tenait debout devant chaque gravure du chemin de croix.

LE SAMEDI SAINT :

Le samedi de Pâques, à midi, les cloches sonnaient à nouveau à la volée, toutes ensembles, pour annoncer solennellement la fin du carême.
A l’église, le prêtre allume le cierge Pascal. C’est le symbole du Christ ressuscité, lumière du monde. Le prêtre béni également l’eau baptismale.
Le samedi, de très bonne heure, les enfants de cœur brûlaient « Juda » sur un grand feu de bois placé devant l’église. Le même jour, nous passions, toujours par groupe dans toutes les maisons du village recueillir le fruit de notre travail… On recevait un peu de tout, des œufs durs, ou des œufs en chocolat mais aussi des pièces d’argent que l’on se partageait. Nous avions le cœur en fête, ivres de la joie d'avoir joué un rôle important au sein de la communauté villageoise, contents d'être reconnus comme tels.
Plus tard, l’argent était rassemblé pour financer des excursions avec Monsieur l’abbé.
Le soir, Clarisse et moi préparions un nid garni de mousse des bois. Nous allions le déposer dans la cour.

LE LENDEMAIN, C’EST LE DIMANCHE DE PAQUES :

La date de Pâques a été fixée au dimanche après la pleine lune qui suit le 21 mars, l'équinoxe de printemps.
Pâques peu donc varier du 22 mars au 25 avril. Mardi gras est toujours à la nouvelle lune.
C’est une grande fête !
C'est la résurrection du Christ. C'est la fête de la renaissance à la vie et de la victoire de celle-ci sur la mort.

Les coutumes pré-chrétiennes se mêlent étroitement aux croyances chrétiennes. La fête de la résurrection, élément central de la foi chrétienne, est aussi celle du renouveau de la nature, en ce dimanche suivant immédiatement la première pleine lune de printemps.
Les pâtissiers débitent des agneaux en biscuit, saupoudrés de sucre fin et décorés d'un petit drapeau, des lièvres en chocolat serrant une hotte contre leur ventre, des oeufs de tous calibres. L'agneau est étroitement associé à Pâques et au Ressuscité ; saint Paul a assimilé le Christ à l'agneau, dont le sang a été versé pour le salut de tous.

Les cloches de Pâques :

Dans les campagnes autrefois, les cloches sonnaient chaque jour de l'année, pour inviter les fidèles à assister à la messe. Sauf au moment de Pâques, où d'après la légende elles partent à Rome pour se confesser ! Elles restent ainsi silencieuses du Jeudi au Samedi saint. Jésus est entré dans une ille en liesse, puis a partagé son dernier repas le Jeudi saint, a été jugé et est mort le Vendredi saint. Tristesse et recueillement, attente, et il est ressuscité le 3ème jour : Là, les cloches se remettent à sonner pour fêter la résurrection de Jésus, marquant la fin de la veillée pascale !

- Pourquoi un lièvre dans la symbolique de Pâques ?

Le lièvre se manifeste tout particulièrement au printemps, sa saison des amours. Il est également associé aux valeurs du monde souterrain. Il est symbole de fécondité, animal fétiche de la déesse du printemps Ostara.

Dès le réveil, en pyjama, Clarisse et moi, ont se précipitaient pour voir ce que le « Oschtahaas » ( le lièvre de Pâques ) nous avait ramené...

C’était essentiellement un lièvre de Pâques et des petits œufs en chocolat ! Nous étions ravis.

DANS LA NUIT DU 30 AVRIL AU 1ER MAI : C'EST LA NUIT DES SORCIERES !

Ce n’est pas une fête religieuse, au contraire, c’est une fête païenne !
C'était pour nous les jeunes du village l'occasion de sortir toute la nuit ou en tous cas une grande partie de la nuit. Nous mettions le village de DALEM sans dessus-dessous. Nous déplacions les pots de fleurs, les bancs, les petites charrettes, nous démontions les portails en fer ou autres portes en bois que nous allions poser plusieurs maisons plus loin ou sur le parvis de l'église. Oh nous faisions cela gentiment, sans rien casser ! Dans le temps, les jeunes du village et peut-être les moins jeunes aussi, déplaçaient des tas de fumier ou des tas de bois, démontaient puis reconstruisaient des charrettes sur le toit d'un bâtiment. Nous étions plus raisonnables ou moins courageux !
En tout cas, nous aimions nous faufiler dans la nuit pour faire croire que des sorcières étaient passées dans le village. Une année, c’était l'âne à Pati qui avait disparu !
Il arrivait souvent à Pati qu'on lui déplace une charrette en bois avec un grand timon qu'il avait sur le côté de la maison.
Et tous les ans il disait :
« L'année prochaine je badigeonnerai le timon de la charrette avec de l'huile de vidange ! »
… Je ne sais pas s’il l’a fait !

LE MOIS DE MAI, C’EST LE MOIS DE MARIE, C'EST LE MOIS DU ROSAIRE !

Les enfants allaient au rosaire tous les soirs.
Pendant le mois de mai, on allait tous les soirs de semaine à la prière du chapelet. En mai on chantait : « C'est le mois de Mariiii – e… C'est le mois le plus beau… »

Le mois du rosaire était probablement le mois de l’année où Mlle CHRISTINE, la bonne de Monsieur le Curé avait le plus de travail à cause des garnements qui venaient à l’église.
Comme je l’ai dit plus haut, la bonne du curé était toujours assise :
- En bord d'allée d’une part
- Juste derrière le banc blanc des communiants et donc juste derrière les petits bancs des enfants d’autre part.
Elle pouvait ainsi mieux surveiller tout son petit monde et pouvait se lever sans déranger personne.

Il lui arrivait de se lever de temps en temps pour sermonner un garnement trop bavard, mais son habitude était, sans bouger de sa place, de lancer un long « chuuuuuuuuut ! ». Les bavards se sentaient alors repérés et arrêtaient leur bavardage ; Avant de reprendre quelques instants plus tard !

Au mois de mai, le mois de Marie, tous les enfants, filles et garçons, nous allions à l'église le soir pour prier le rosaire.
Encore une fois, toutes ces prières n’étaient pas la tasse de thé des jeunes garçons du village. Comme nous étions obligés d’y aller, nous joignions l’agréable au nécessaire… Sacripants va ! Il y avait toujours un ou deux garçons qui ramenaient quelques hannetons dans une boîte d'allumettes. Bien sûr leur plaisir était de les voir s'envoler. Mlle CHRISTINE, la bonne du curé, n'était pas contente et grondait !

On ne voit plus beaucoup de hannetons aujourd'hui, en tout cas beaucoup moins qu'à l'époque. Je me souviens qu'il suffisait d'aller dans la petite forêt tout près de notre maison et de secouer un arbre pour voir tomber une multitude de ces bestioles ! C’était dans les années 1960 !

Aujourd’hui, quelques-uns de ces insectes viennent encore de temps en temps se cogner le nez contre la vitre du bureau dans lequel se trouve le clavier de mon ordinateur et sur lequel je tape pour écrire cette histoire. Ils sont attirés par la lumière tardive. Cela me fait plaisir de revoir ces insectes. J’en attrape un pour le montrer à mes filles Angélique et Orianne. Les petites pattes crochues s’agrippent à mes doigts. Il ne bouge pas… ses antennes balayent devant lui. D’un seul coup, il déploie ses deux carapaces brunes sous lesquelles il déploie des ailes très fines. Hop, le voilà reparti !

COURANT MAI : LA FETE DES MERES

Cette fête est en général à la fin du mois de mai. On offre un cadeau à sa mère en lui disant :
« Bonne fête, maman ! » Les petits confectionnent leur cadeau à l’école, aidés par la maîtresse.

L’ASCENSION :

Célébration de l’Ascension de Jésus Christ au ciel, ( quarante jours après Pâques )
Le prêtre éteint le cierge Pascal. Ce denier, depuis la Nuit pascale, symbolisait la présence visible du Christ ressuscité.
L'Ascension est une fête mobile, puisqu'elle dépend de la date de Pâques. Depuis le IVème siècle, l'Ascension du fils de Dieu est célébrée quarante jours après la Résurrection.
Les fêtes des Rogations, simultanément religieuses et profanes, sont des prières publiques et des processions faites en général les lundi, mardi et mercredi précédant le jeudi de l'Ascension, afin d'attirer sur les champs la bénédiction du ciel à une période où les récoltes à venir courent les plus grands risques. Les Rogations instituées par Saint Mamert, évêque de Vienne (en Dauphiné) du VIème siècle, sont adoptées et généralisées par le pape Léon XIII en 816. L'Église reprend, comme pour beaucoup de fêtes, l'héritage d'anciens rites agraires.

LA PENTECOTE :

Cinquante jours après pâques, on célèbre la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres.
Les juifs fêtent la remise par Dieu à Moïse des tables de la loi.
Il n’y avait pas à ma connaissance de manifestation religieuse particulière.

UNE AUTRE BELLE FETE : LA FETE-DIEU :

Cette fête se situe le deuxième jeudi après la Pentecôte. Appelée fête du Saint-Sacrement ou bien encore fête de l'Eucharistie, elle est promulguée en 1264 par le pape Urbain IV. De nombreuses processions sont organisées dans les bourgs, les rues sont recouvertes de fleurs et de feuillages. Cette fête est née, il y a 750 ans. Elle nous vient d’une religieuse belge du couvent de Mont-Cornillon dans la banlieue de Liège, saint Julienne ( 1192-1258 ). Dieu lui dit qu’il manquait une fête au cycle liturgique en l’honneur de Jésus-Hostie et lui demanda d’aller trouver son évêque pour instituer cette fête. Elle pendant 20 ans, elle tut ses révélations avant d’en parler à son évêque, Mgr Robert TOROTO qui, après un sérieux examen, institua la fête du Saint-Sacrement dans son diocèse de Liège en 1246.
Le pape Urbain IV, dix-huit ans plus tard, l’étendit à toute l’église.
L’église célèbre cette fête le jeudi après la Sainte-Trinité ( glorification du Père, par le Fils, dans l’Esprit Saint ).
En France, ce jour n’étant pas férié, la Fête-Dieu est célébrée le dimanche suivant.

Lorsque j’étais encore gamin, je me souviens que nous faisions, à l’occasion de cette fête, une longue procession dans plusieurs rues du village. Une haie de pieux ornés de fleurs ou de guirlandes « Maïen » bordaient les rues elles mêmes tapissées de verdure fraîchement coupée.
Des mains pieuses et habiles avaient érigé de beaux autels ou reposoirs « Altar » ou « Kappel » ! La décoration de ces autels donnait lieu à de véritables concours d’originalité et de beauté. La famille, les amis, les voisins sacrifiaient leur temps pour réaliser de véritables œuvres d’art. Même les enfants étaient mis à contribution.
Les autels étaient richement fleuris. Au sol, il y avait de véritable tapis de diverses fleurs de toutes les couleurs, entre autres le rouge foncé de la pivoine, le jaune des genêts etc.
Malheureusement le lendemain, tout de beau décor était foulé par le prêtre. Celui-ci s’arrêtait devant chaque reposoir, il s’avançait vers l’autel et après les prières et les cantiques d’usage, il bénissait la foule avec l’ostensoir. Des arbustes bordaient les autels, il y avait de belles statues du sacré Chœur de Jésus, ou de la vierge aux fenêtres des maisons.
Le Suisse ouvrait la marche revêtu de son uniforme chamarré. Il ponctuait de la main droite la marche à l'aide d'une grande canne à pommeau d'or. A gauche, il tenait la hampe d'une hallebarde appuyée sur l'épaule. Derrière lui tous les enfants de chœur que l’on avait monopolisé pour cette parade, même les adolescents qui ne servaient plus les dimanches ordinaires, et qu'on reconnaissait par le bas des pantalons dépassant de leurs vêtements liturgiques devenus trop courts…

Tout au long de la procession, un des grands enfants de chœur se retournait de temps en temps pour encenser le Saint Sacrement, en marchant à reculons. Entre-temps, il entretenait un balancement régulier qui attisait constamment les charbons de l'encensoir, et quand un compagnon y déposait des grains d'encens avec une petite cuiller en or, il s'en dégageait une fumée épaisse. Car ces servants expérimentés se faisaient un honneur et un devoir de réussir un embaumement bien visible et perceptible à la ronde.

Venaient ensuite les communiants puis d’autres enfants portant des petits paniers en osier, suspendus par des rubans autour du cou, et rempli de pétales de fleurs de pivoines cueillies à la dernière minute dont ils parsemaient la route. D'autres enfants de chœur portaient de grands chandeliers dorés.

Il y avait ensuite les jeunes gens et les jeunes filles, au milieu du cortège.
Le prêtre était protégé par un dais richement décoré et porté par les pompiers.
La chorale qui entourait le chantre et psalmodiait des psaumes et des hymnes en latin, en s'aidant des manuels de chant faisait bien sûre partie du cortège.
Par ailleurs, les autres fidèles priaient le chapelet. On marchait sur deux colonnes, les hommes étant tête nue, les femmes ayant obligatoirement une coiffure, principalement un chapeau.
A chaque reposoir, le prêtre déposait l'ostensoir, et les fidèles se regroupaient devant l'autel. On chantait le fameux « Tantum ergo sacramentum… » qui précédait toute bénédiction, et dont tout le monde savait le latin par cœur. Puis le prêtre procédait à la bénédiction des fidèles, en traçant un large signe de croix avec l'ostensoir par-dessus la foule, chacun ayant un genou au sol. Pendant ce temps, un servant secouait adroitement la sonnette d'autel, et le Suisse exécutait une révérence solennelle au Saint Sacrement, en croisant hallebarde et canne à pommeau, puis en les inclinant loin devant lui jusqu'à terre.

Puis la procession reprenait son cours pour se terminer avec le retour à l'église, où chaque adulte retrouvait sa place attitrée !

LE 24 JUIN, LA SAINT JEAN :

En écho à la naissance de saint Jean l'Évangéliste, au solstice d'hiver, l'Église a placé celle de Jean-Baptiste, le 24 juin. Elle a superposé la commémoration d'un saint à une fête païenne.
S'agissant d'une fête solsticiale, les rites sont liés au soleil. Les hommes allument un peu partout à l'extérieur des feux vifs pour tenter de surmonter le soleil en déclin ; en effet, le soleil entame à ce moment précis sa course descendante.
Les feux de la Saint-Jean ont des vertus de purification. Les animaux malades doivent courir sur les braises, les paysans sautent au-dessus des feux pour éviter les maux de rein à la moisson.

LE 29 JUIN, C’EST LA KIRB AU VILLAGE !

A DALEM, la « Kirb », la fête du village a lieu le dimanche après la fête de St Pierre et Paul, le dimanche après le 29 juin. St. Pierre est le patron de notre église.
Il y avait également une fête en automne, après la Saint Luc, le 18 octobre.
La préparation de la fête du village donnait sûrement beaucoup de travail à maman à l’intérieur de la maison, car elle « faisait le ménage à fond »
Nous avions des habitudes. Maman invitait pépé et mémé ainsi que toute la famille de VILLING. La coutume imposait… le menu traditionnel :

Potage aux vermicelles
ou
Bouchée à la reine
Viande avec légumes ou pommes de terre
Salade
Œufs à la neige
Tartes

Bien sûr il y avait des vêpres l’après-midi !!! Et tout le monde assistait ce jour-là de manière très active à la cérémonie. Les vapeurs du vin ayant fait leur effet dans toutes les maisons, les gens psalmodièrent le latin avec un entrain enjoué, et les accents du « Dixit dominus », le psaume d'entrée, emplissaient l’église, à la faire trembler comme les bâtisses de Jéricho. L'ardeur collective devait décroître au fur et à mesure des vêpres. Mais au moment de la bénédiction du Saint-Sacrement, le « Tantum ergo » réveilla à nouveau tout le monde…

Sur la place du village, il y avait quelques forains : un manège à chevaux pour les petits et 1 ou 2 stands de bonbons ou tirs à la carabine…

Après l'office des vêpres, ce fut donc au tour des enfants à vivre de grands moments de bonheur. On recevait des grands-parents le «Kirwegeld», l'argent pour la fête…
Les garçons du village mesuraient leur force en tapant dans un ballon ou en donnant un coup de poing sur une boule de cuir !
La place était animée. Il y avait beaucoup de bruit : la musique du manège, les coups de feu des carabines à plomb, les appels des forains et de temps en temps quelques pétards.
Je m'arrêtais longuement au stand de tir, regardant attentivement les grands jeunes gens et les hommes tirer sur les pipes de terre au bas de tige de fleurs. Ils discutaient entre eux sur la précision des carabines, conseillant l'un l'autre de viser à droite pour telle arme, plus bas pour telle autre. J'étais admiratif quand ils réussissaient à pulvériser l'embout blanc qu'ils avaient visé, et à faire tomber les fleurs. D’autres au bout du stand, des hommes tiraient sur une cible, ou dans une cage dans laquelle bougeaient 3 petits ballons de baudruche.
Depuis longtemps j'avais convoité un pistolet automatique à amorces, un de ces pistolets qui s'ouvrent sur le flanc et qu'on peut charger d'un rouleau entier d'amorces. Une année, je réussi à m’acheter un de ces pistolet. Qu’est ce que j’étais fier !

Plus loin, il y avait le jeu de quilles le long du café « chez Victorine ». Un concours suscitait beaucoup d'animation. Les verres de bière, de vin blanc ou de rouge des joueurs étaient déposées par la patronne sur le rebord de la fenêtre du café et les hommes on trinquait chaque fois qu'un beau coup réussissait au bout de la piste. De jeunes garçons redressaient les quilles, dans l'attente du pourboire qui leur permettrait de faire un tour de manège.

Comme ni papa, ni pati ne jouaient jamais aux quilles, je n'étais pas beaucoup attiré par ce jeu, et il ne m'intéressait pas bien longtemps… Je me suis souvent demandé par contre, en le regardant jouer, comment Joseph BOCK, qui n’avait qu’un seul bras pouvait envoyer avec une telle force la boule dans les quilles !

Le soir, il y avait un bal au café.

LE 14 JUILLET :

On célèbre la prise de la Bastille qui a marqué le commencement de la révolution française en 1789. Ce jour-là, il y a des défilés militaires, des défilés dans les rues et des bals le soir. Dans certains villages, on organise une retraite aux flambeaux le 13. (Les gens font le tour du village avec des lanternes puis vont parfois danser et/ou assister à un feu d'artifice.)

LE 15 AOUT : L’ASSOMPTION.

Elévation de la Sainte Vierge au ciel.
En 1638, le roi Louis XIII, en reconnaissance des grâces qu’il avait reçues, consacra sa personne, sa famille et son royaume à la Sainte Vierge qu’il choisit, sous le titre de sa glorieuse assomption, comme patronne et souveraine de la France. Il lui fit l’offrande de son sceptre et de sa couronne, et ordonna qu’en toutes les églises du royaume on fît une procession solennelle après les Vêpres du 15 août, en l’honneur de Notre-Dame.
Après la mort du roi, cet édit fut confirmé par ses successeurs, et la tradition en est fidèlement conservée…
En 1922, Pie XI proclama Marie patronne principale de la France, au titre de son Assomption.

Le 15 août, nous allions à la messe pour faire bénir un bouquet composé d’oignons, de blé, de seigle, d’avoine et je ne sais quoi d’autre encore.
Ce bouquet, le « Wisch » ou « Würzwisch » était présenté en remerciement de la récolte passée, mais aussi pour demander que les récoltes futures soient bonnes. Ce bouquet avait encore d’autres vertus. Il était sensé protéger de l’incendie, de la foudre, des maladies et du mauvais sort.
En fait, chaque famille utilisait ce bouquet selon ses superstitions et selon les évènements de la vie de tous les jours. Cela allait du bébé malade que l’on exposait au-dessus de la fumée qui se dégageait de quelques plantes que l’on brûlait afin qu’il retrouve vigueur et bonne santé, à une partie du bouquet dans un linge placé dans le cercueil d’une personne décédée. On faisait même brûler des plantes dans l’étable pour soigner les bêtes malades…
Y’en a plus des médicaments comme ça !
Lors des vêpres, il y avait une procession où les jeunes filles portaient une statue de la Sainte Vierge.

LE 29 septembre : LA SAINT-MICHEL !

Ce n’est pas une fête en soit, mais il faut savoir que la Saint-Michel est un repère dans le temps très important dans l'année, en particulier pour les paysans : C'est la fin d'une année agricole.
Dès l'époque féodale, la Saint-Michel ( le 29 septembre ) est le jour des paiements des redevances par le paysan au seigneur. C’est la date des renouvellement de Bail ! Cette fête marque le début d'une nouvelle saison !

LE 31 OCTOBRE : HALLOWEEN !

A la fête de l'Halloween, le 31 octobre, cette nuit-là, les rues sont envahies de fantômes, de pirates et d'affreuses sorcières.
Le soir de l'Halloween, des centaines d'enfants envahissent les rues de la ville, déguisés en personnages grotesques et mystérieux, munis de sacs et de citrouilles en plastique destinés à être remplis par des adultes qui acceptent de jouer le jeu. Si certaines maisons arborent une décoration des plus sobres, d'autres font étalage d'ornements compliqués, leurs propriétaires rivalisant d'audace et d'originalité dans une orgie de sorcières, de fantômes et de monstres en cavale. En fait, depuis quelques années, la fête de l'Halloween connaît une popularité grandissante, non seulement chez les enfants mais également chez les adultes qui n'ont de cesse d'organiser et de participer à des soirées costumées.

La légende :

Retracer l'historique de cette fête druidique d'outre- manche et montrer l'aspect païen de cette fête de la peur et de l'horreur n'est pas inutile.
Le Seigneur de la mort, Samain, avait sa fête le 1° novembre et les druides pensaient que, pour participer à cette fête, les morts revenaient dès la veille sur terre. Pour ne pas les décevoir, on préparait des offrandes à leur intention et on allumait des feux pour les tenir tout de même à distance. Cette croyance celte a pris racine en Irlande et lorsque poussé par une famine terrible, des milliers d'Irlandais sont partis chercher fortune en Amérique, ils ont emporté avec eux certaines de leurs coutumes dont la fête des morts avec Samain. Dans ce contexte, il faut ajouter l'intervention d'un personnage vedette, Jack O'Lantern. Ce brave homme, au moment de sa mort et selon la légende, aurait été refusé au Paradis. Le diable lui aurait aussi fermé la porte de l'Enfer, tout en lui donnant, pour le consoler, une petite flamme tirée des fournaises ardentes dont il est le gardien. Dès lors, Jack erre, cherchant son chemin. Pour éclairer celui-ci, il aurait creusé un navet pour y placer sa flamme et en faire une espèce de lanterne. D'où le nom de Jack O'Lantern et la citrouille creusée d'aujourd'hui. Il faut enfin ajouter que le nouvel an des devins et sorcières n'est pas au 31 décembre mais au 31 octobre de chaque année.

LE 1er NOVEMBRE : LA TOUSSAINT

C’est la fête de tous les Saints. Elle apparut d’abord dans des pays celtiques au premier jour de leur année civile vers la fin du VIIIème siècle, se répandit en occident où elle était universellement célébrée vers 850.
On l’associe avec celle du jour suivant, le 2 novembre qui est la commémoration de tous les fidèles défunts. Le mystère de la mort pose une question à tout homme et l’incline à traiter avec respect le corps des défunts !

Les fidèles se rendent après les vêpres sur les tombes familiales du cimetière.
J’aime bien ce jour-là ! Bien sûr c’est l’occasion d’avoir une petite pensée pour les êtres qui nous ont quittés. C’est sûrement le seul moment de l’année où l’on pense un peu à eux ! Mais dans le cimetière, où se presse quasiment tout le village, j’aime revoir des personnes que je n’ai pas revues depuis longtemps !
A l’époque, chaque famille allumait au bord de la tombe une bougie. Le vent avait tôt fait d’en éteindre la flamme.
Aujourd’hui, pour éviter que le vent n’éteigne la flamme trop rapidement, on place toujours au bord du marbre, une petite bougie, mais celle-ci est protégée du vent à l’intérieur d’une petite lanterne de verre rouge.
Le soir, qui tombe vite en cette période de l’année, on voit de la fenêtre de la cuisine à maman, la lueur rouge des lanternes planer au-dessus du cimetière. C’est beau !

LE 11 NOVEMBRE :

Ce n’est pas une fête religieuse.
C’est l’anniversaire de l’armistice de la première guerre mondiale signé dans un wagon à Rethondes. Le son du clairon s’est fait entendre ce 11 novembre 1918 à 11h00 du matin.
Dès le début de l’année scolaire, les institutrices ainsi que Monsieur LETT apprenaient à tous les enfants de l’école des chants patriotiques.

On nous apprenait la Marseillaise bien sûr, mais aussi le Chant des Partisans, ….
Le jour du 11 novembre, avant ou après la messe, je ne sais plus, tout le village était regroupé devant notre belle grotte de Lourdes dans laquelle est incorporé le monument au mort ( plaques où sont inscrits toutes les personnes décédées au cours des deux dernières guerres ).

Après le discours du maire ( à l’époque Monsieur Raphaël ), après celui d’un ancien combattant, ( Monsieur KEFF ), un élève s’avançait devant le monument aux morts, lui tournait le dos pour faire face aux paroissiens et lançait à haute voix le nom des victimes des deux grandes guerres. Après chaque nom évoqué, la population disait : « Mort pour la France ! »
Bien sûr les pompiers en grand uniforme étaient présents. La chorale également.
Au fond du monument aux morts, se tenait debout un ou deux anciens combattants tenant chacun un drapeau.

Le 11 novembre correspond également à la Saint-Martin.
"Tues ton cochon à la Saint-Martin et invite ton voisin", dit le dicton.

La Saint-Martin coïncide avec les foires agricoles et les manifestations paysannes d'abondance.
C'était souvent le jour où l'on tuait le cochon ou l'oie grasse pour préparer les réserves alimentaires de l'hiver.

L’AVENT :

L’Avent apparaît en Gaule au Vème. siècle comme un temps de jeûne préparant à Noël. Il est inconnu à Rome à cette époque. Il commence au quatrième dimanche avant Noël.
Le 24 décembre est le dernier jour de l’Avent.

MAIS IL Y AVAIT D’AUTRES FETES ENCORE !
Et cette année là, le 2 décembre 1967, c’est le mariage de ma cousine Ginette :

J'ai 12 ans ! De toutes les fêtes auxquelles j'ai assisté, ce sont les mariages de mes cousines : Josette, Monique, Ginette & Arlette, qui m'ont le plus marquées. Tout le monde se retrouvait donc devant la maison de la famille. Là, il y avait toujours une sœur à la mariée pour prendre les choses en main. Elle distribuait un petit insigne fait d'un bout de ruban blanc en forme de boucle que tous les invités accrochaient au revers de leur veste. La même ensuite plaçait les couples pour former le cortège qui devait se rendre de la maison jusqu'à la mairie, puis jusqu'à l'église. La mariée marchait devant avec à son bras, son papa. Le marié fermait le cortège au bras de sa maman. Le papa du marié avait droit au bras de la maman de la mariée. Derrière la mariée, marchaient les petits enfants qui se donnaient la main. C'est un très beau spectacle pour les habitants du village que de regarder passer ce cortège, d'admirer la mariée et de regarder les femmes avec leurs longues robes multicolores. A la sortie de l'église, on prenait les éternelles photos de groupe, puis le cortège se reformait pour rentrer à la maison. Cette fois, le marié et la mariée se tenaient par le bras en tête du cortège.

Le repas de noce se passait dans la grande salle à manger de chez Joséphine.
Il y avait quasiment toujours une bonne soupe aux vermicelles, puis une ou deux belles entrées. Bien sûr, avec la soupe, il y avait la cuillère « baveuse » destinée à la belle-mère. C’est une cuillère à soupe tout à fait normal sauf qu’elle est percée d’un tout petit trou quasi invisible à l’œil.

Le trou était suffisamment grand pour laisser échapper le jus de la soupe sur le menton de la convive. Celle-ci n’arrêtait pas de s’essuyer la bouche avec la serviette. Tous les invités se moquaient, mais toujours gentiment, de la belle-mère qui bave !

En dessert, il y avait des tartes et des biscuits faits maison ( souvent par tonton Hérembert ).
En bouquet final, une pièce montée avec des choux à la crème. On n'en voit plus beaucoup aujourd'hui. Les pièces montées d’aujourd’hui sont une succession de biscuits garnis… nostalgie !

Et tout le long du repas, c’était la fête ! Il y avait beaucoup l’ambiance !
On organisait des jeux avec des gages.

Par exemple :

Les convives se donnaient un n° et chacun à son tour devaient appeler un autre convive par son n°.
Celui-ci devait réagir et appeler un autre n° etc. et ça donnait :
« Le n° 4 appelle le n° 15 ! »
puis,
« le n° 15 appelle le n° 9 »…
« le n° 9 appelle le n° 3 »…
et ainsi de suite

Celui qui discutait avec la voisine et ne suivait pas avait un gage.

Les gages pouvaient être soit un bijou, un habit, une montre, un mouchoir, une chaussure une cravate ou voire même des bretelles ou des bas.

Dans un premier temps, tous les gages étaient rassemblés dans un sac.

Plus tard, dans la soirée, quelqu'un tirait au hasard ( et mon œil… ) un objet. Mais au préalable, on s’était entendu pour lui donner un gage plus important comme par exemple :

Le propriétaire de l’objet qui sera tiré du sac devra crier devant la porte d’entrée de la maison 3 fois de suite : « Au feu, au feu, au feu, y a mon cul qui brûle ! »

A 3 heures du matin, en pleine nuit, fallait oser !!!

D’autres convives, plus coquins se proposaient de remettre personnellement en place sur son propriétaire, l’objet que l’on allait retirer du sac…
Bien sûr, on s’arrangeait pour que l’objet tiré du sac ne soit jamais une montre ou un collier, mais plutôt un bas…
Il y avait ainsi plein de jeux qui faisaient passer la nuit très rapidement mais pas toujours sans quelques petits dégâts...

On faisait par exemple un tour de table où chacun devait ; soit raconter une histoire, soit chanter une chanson.

Ça c'était relativement sage ! Et il y avait de très bons chanteurs…

J'ai toujours été surpris de voir tonton Roger chanter " La java bleu " ou Marie-Claude chanter ……. C'était beau !

Mais il y avait d’autres jeux plus risqués…

Le maître de jeu appelait à tour de rôle en suivant le tour de table, chaque convive par son prénom.

« Ami Alain, ami Alain lève donc ton verre »
Et tout le monde reprenait : « Ami Alain, ami Alain lève donc ton verre », celui-ci devait alors se lever et prendre son verre en main.

Les convives continuaient de chanter tout en montrant le geste à faire :
« apporte le frontibus au nasibus au mentibus au ventribus au sexibus » , le convive lève son verre au front, puis le descend au nez, puis au menton, puis au ventre, puis au bas ventre et enfin à sa bouche pour boire comme tout le monde ) et tout le monde faisait :
« et glou et glou et glou et glou et glou et glou » ( tout le monde faisait et glou et glou, jusqu'à ce que la personne ait complètement bu son verre ).

Le verre enfin vide, tout le monde chantait alors : « il est des nôôôtre, c'est un ivrogne comme nous ôôôtre ! » et on passait au convive suivant…

« Ami Gérard ami Gérard, lève donc ton verre et apporte le au frontibus au etc. »

Il y avait également une version en Platt ; similaire. Le convive devait se lever de table lorsqu’il entendait son mois de naissance :

« Und wer in Januar geboren ist, Steh auf, Steh auf, Steh auf. Der nimmt sein Gläsel in die Hand und trinkt es aus bis an den Rand, Steh auf, Steh auf, Steh auf ! »

Le tour de table terminé, il faisait chaud ! Il y avait toujours des convives qui accompagnaient celui qui se levait…

On dansait beaucoup. On dansait par exemple : « La danse du balai ! »
Une personne entrait sur la piste de danse et dansait avec un balai.
Au bout d'un instant, elle frappait le balai au sol. Tout le monde devait changer de cavalière. Celui qui n'en avait pas trouvé dansait avec le balai et ainsi de suite… Dès fois, certains couples trichaient et ne changeaient pas…

Bref, je crois qu'à cette époque, on s'amusait beaucoup plus que maintenant.

Il y avait également ceux qui faisaient des farces :
- Le sucre du café qui, lorsqu'il fondait, faisait apparaître quelques petites bestioles en plastique à la surface du liquide…

- Il y avait le gel sur la chaise…

- Il y avait la fameuse cuillère percée… etc.

Dans le courant de la nuit, les mariés s'éclipsaient discrètement alors que la fête se poursuivait dans la salle à manger. Au petit matin, les jeunes se mettaient à la recherche des mariés.
Bien sûr, il y avait toujours quelqu'un qui savait où ils avaient passé la nuit... On les réveillait alors avec grand bruit. Combien de fois étant hébergés chez papa et maman, on a vu les mariés transportés à même les draps de chez maman jusque chez Joséphine. Ensuite, on les faisait boire dans un pot de chambre dans lequel les jeunes gens avaient mis du champagne et une banane enrobée de chocolat fondu… Quelques feuilles de papier hygiénique traînaient encore sur le bord du récipient…
Imaginez avec quel plaisir on pouvait boire un tel breuvage à 8h00 du matin ?

LE 6 DECEMBRE : LA FETE DE SAINT NICOLAS !

La Saint-Nicolas est une date très importante pour certains enfants, notamment dans l'Est de la France ou il est le Saint patron des écoliers.
Tous les 6 Décembre, Saint Nicolas fait le tour des écoles dans toutes les villes d'Alsace pour y distribuer des confiseries, du pain d'épice et des oranges. Dans les pâtisseries et dans la plupart des foyers ont trouve du pain d'épices en forme de langues avec un petit dessin collé dessus représentant Saint Nicolas avec sa crosse et sa mitre.

Dans les villes le maire donne symboliquement les clés à Saint Nicolas afin qu'il puisse défiler dans un char, accompagné du Père Fouettard, pour distribuer des bonbons dans les rues.
Il récompense les enfants méritants et le Père Fouettard punissait ceux qui n'avaient pas eu de bonnes notes ! C'est une fête importante dans la vie culturelle de ces régions.
Il ne faut surtout pas oublier, avant de se coucher, de déposer sur le bord de la cheminée ou de la fenêtre, du foin, des carottes et un peu d'eau pour l'âne de Saint Nicolas ainsi que quelques gâteaux pour ce protecteur des enfants.

Le personnage de Saint Nicolas est inspiré de Nicolas de Myre appelé également Nicolas de Bari. Il est né à Patara, une cité de Lycie, au sud-ouest de l'Asie Mineure (région appelée maintenant Turquie d'Asie) entre 250 et 270 après J-C.
Il est mort le 6 décembre, en 345 ou en 352 dans la ville portuaire de Myre en Asie Mineure. C’est pourquoi on fête Saint-Nicolas à cette date. C'est l'un des saints les plus populaires en Grèce et dans l'Eglise Latine. Lors des croisades, ses reliques furent transportées à Bari en Italie et l'une fut emportée par un croisé Lorrain à Port qui devint Saint-Nicolas-du-Port.

La Légende de Saint-Nicolas

Ils étaient trois petits enfants
Qui s’en allaient glaner aux champs.
Ils sont allés et tant venus
Que sur le soir se sont perdus.
Ils sont allés chez le boucher :
- Boucher, voudrais-tu nous loger ?

- Entrez, entrez petits enfants,
Y’a de la place assurément.
Ils n’étaient pas sitôt entrés
Que le boucher les a tués,
Les a coupés en p’tits morceaux
Et puis salés dans un tonneau.

Saint-Nicolas au bout d’sept ans
Vint à passer dedans ce champ,
Alla frapper chez le boucher :
- Boucher, voudrais-tu me loger ?

- Entrez, entrez, Saint-Nicolas,
Y’a de la place, il n’en manque pas.
Du p’tit salé, je veux avoir
Qu’il y a sept ans qu’est au saloir.
Quand le boucher entendit ça,
Bien vivement il se sauva.

- Petits enfants qui dormez là,
Je suis le grand Saint-Nicolas.
Le grand saint étendit trois doigts,
Les trois enfants ressuscita

Le premier dit : «j’ai bien dormi.»
Le second dit : «Et moi aussi.»
A ajouté le plus petit :
«Je croyais être au Paradis.»

NOËL :

Lorsque nous étions tous petits, le père Noël venait à la maison (c’était quelqu’un de la famille qui s’était déguisé). Nous faisions alors une prière, à genoux devant le sapin avant de recevoir les cadeaux !

La fête du 25 décembre, Noël, apparaît d’abord à Rome où elle remplace au début du IVème. Siècle le « Natalis invicti », fête païenne du soleil.
Elle s’implante en Orient à la fin du IVème. siècle ; Dès lors, le 6 janvier devient, en Orient, la fête du baptême du Christ aux mages. Rome, en célébrant à Noël une messe de minuit, a sans doute imité Jérusalem où le clergé allait la nuit célébrer une messe à Bethléem. La messe de l’aurore était d’abord une messe en l’honneur d’une martyre orientale honorée par la colonie byzantine de Rome : Sainte Anastasie. Plus tard, cette messe fut aussi consacrée au mystère de Noël.

En fait, de cette période, les enfants retiennent surtout la date du 24 décembre. C’est ce soir là que passe le père Noël dans tous les foyers pour distribuer les cadeaux.


Entrez ici dans ma page sommaire...